L’effet Zeigarnik : pourquoi les tâches inachevées restent dans notre esprit

Vous est-il déjà arrivé de ne pas pouvoir arrêter de penser à une tâche que vous n’avez pas terminée ? Un e-mail resté en brouillon, un livre à moitié lu, un projet laissé en suspens… Si cela vous parle, vous avez probablement expérimenté un phénomène psychologique appelé l’effet Zeigarnik.

Qu’est-ce que l’effet Zeigarnik ?

L’effet Zeigarnik a été mis en évidence dans les années 1920 par la psychologue soviétique Bluma Zeigarnik, élève du célèbre Kurt Lewin, pionnier de la psychologie de la Gestalt. Elle a observé que les serveurs d’un café viennois retenaient les commandes des clients uniquement jusqu’à ce qu’elles soient servies. Une fois la tâche accomplie, le souvenir disparaissait rapidement.

Elle a ensuite confirmé cette observation en laboratoire. Dans une étude marquante, Zeigarnik (1927) a démontré que les participants se souvenaient deux fois plus souvent des tâches interrompues que des tâches terminées [Zeigarnik, B. (1927). Das Behalten erledigter und unerledigter Handlungen. Psychologische Forschung, 9, 1–85].

Pourquoi les tâches inachevées nous obsèdent-elles ?

Selon la théorie du champ de Lewin, une tâche incomplète crée une forme de tension psychique — un déséquilibre mental que l’individu cherche à résoudre. Cette tension subsiste tant que la tâche n’est pas achevée ou symboliquement clôturée [Lewin, K. (1935). A Dynamic Theory of Personality. McGraw-Hill].

C’est cette tension qui maintient la tâche active dans notre mémoire à court terme et qui la rend plus susceptible de revenir à notre esprit, même lorsque nous essayons de nous concentrer sur autre chose.

Comment l’effet Zeigarnik influence notre quotidien

Loin d’être un phénomène purement théorique, l’effet Zeigarnik intervient dans de nombreux aspects de notre vie quotidienne :

  • Productivité et gestion des tâches : Les tâches inachevées ont tendance à monopoliser notre attention mentale, ce qui peut générer du stress ou une charge cognitive excessive. Des recherches menées par Masicampo et Baumeister (2011) ont montré que les objectifs non atteints continuent d’exercer une charge cognitive tant qu’ils ne sont pas planifiés ou terminés [Masicampo, E. J., & Baumeister, R. F. (2011). Consider it done! Plan making can eliminate the cognitive effects of unfulfilled goals. Journal of Personality and Social Psychology, 101(4), 667–683].

  • Apprentissage et mémorisation : Certaines études indiquent que l’effet Zeigarnik peut favoriser la rétention d’informations, notamment lorsque des sessions d’apprentissage sont volontairement interrompues, maintenant ainsi l’engagement cognitif [Ovsiankina, M. (1928). Die Wiederaufnahme unterbrochener Handlungen. Psychologische Forschung, 11, 302–379].

  • Marketing et narration : Les séries télévisées, romans ou publicités utilisent régulièrement des cliffhangers pour créer une tension non résolue et inciter le public à revenir — une application concrète de l’effet Zeigarnik.

  • Santé mentale : Les pensées intrusives liées à des tâches inachevées peuvent entraîner de l’anxiété, des troubles du sommeil ou de la rumination. Ces effets rejoignent les études sur les processus cognitifs non clôturés [Martin, L. L., & Tesser, A. (1996). Some ruminative thoughts. In R. S. Wyer Jr. (Ed.), Ruminative thoughts: Advances in social cognition (Vol. 9, pp. 1–47). Erlbaum].

Comment utiliser l’effet Zeigarnik à votre avantage

Voici quelques stratégies simples pour tirer parti de ce phénomène psychologique dans votre quotidien :

  1. Écrivez vos tâches inachevées : Externaliser les tâches, par exemple sous forme de liste, aide à réduire la charge mentale. Ce simple acte permet de calmer l’esprit sans forcément terminer la tâche immédiatement [Baumeister, R. F., & Masicampo, E. J. (2011)].

  2. Fractionnez les tâches en petites étapes : Le simple fait de commencer active l’effet Zeigarnik, augmentant les chances que vous reveniez terminer la tâche.

  3. Utilisez-le comme moteur de motivation : Si vous avez du mal à démarrer, engagez-vous dans une petite action. Votre cerveau vous rappellera de revenir.

  4. Fermez les boucles mentales consciemment : Trop de tâches ouvertes peuvent fatiguer l’esprit. Faites régulièrement le tri et terminez ce qui peut l’être.

Conclusion

L’effet Zeigarnik nous rappelle une vérité fondamentale sur notre fonctionnement mental : notre esprit recherche la clôture.

Cette recherche peut nous motiver, mais aussi nous submerger si elle est mal gérée. En comprenant ce mécanisme, vous pouvez mieux canaliser votre attention, augmenter votre productivité et apaiser votre esprit.

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L’effet Zeigarnik : pourquoi les tâches inachevées restent dans notre esprit
Psychologue FSP à Genève – Daria Grigoryeva-Reverdin

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